JANVIER

Bonjour à tous,
Voici nos activités pour janvier 2023.

Beau mois à tous et belles fêtes de fin d’année aussi !

Notre prochaine Assemblée Générale devrait plutôt avoir lieu courant février 2023.

(Le bulletin d’adhésion se trouve ICI)

Tout se passe à Perpignan, mais les amis lointains peuvent toujours lire les analyses de Lionel et visionner les films qu’ils trouveront dans le commerce ou en médiathèque.

Pour les inscriptions : de préférence par courriel  ou tél. de l’Association

Les activités de Marie-Dominique BRUNO TARDIF

Pour vous accompagner dans votre évolution personnelle de différentes manières (et notamment sous forme de développement personnel et spirituel). Vous retrouverez le détail de ces accompagnements individuels ou en groupe dans la rubrique                         Les activités de Marie-Dominique BRUNO

Les séances individuelles sur rendez-vous
Proposées uniquement aux adhérents, seront de préférence axées autour de la psychanalyse symbolique (analyse de rêves, méditations et travail vibratoire avec l’arbre des sephiroth) : à travers les synchronicités de l’existence, la restructuration de notre histoire de vie ou des analyses de rêves, trouver notre voie expérimentale pour « renaître » ou naître pleinement à soi-même.                                              11 € par 1⁄2 heure

En groupe : Plusieurs ateliers sont proposés sur le site (Activités de MD BRUNO) : N’hésitez pas à nous dire ce qui vous intéresse et vos disponibilités. Je ne proposerai des dates qu’en fonction du nombre de participants et une confirmation vous sera donc adressée.
Un nouvel atelier a commencé le samedi 26 mars 2022 de 16h30 à 19h (au plus tard) et se poursuivra, aux mêmes heures, les samedis 14 janvier 2023, 5 février et 4 mars 2023. Les documents viennent d’être envoyés au groupe constitué.
Les séances peuvent être enregistrées : merci de me prévenir en cas dabsence.
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[Adhésion à l’association (20€) et un engagement sur 10 séances [10 € par cours (15 € pour les couples)].
Les séances peuvent être enregistrées.

Lettres hébraïques, lames du Tarot et arbre des séphiroth
(Selon l’enseignement de Pierre Trigano)
Comment intégrer l’enseignement symbolique des lettres hébraïques, des lames du Tarot de Marseille, et les 32 voies de la sagesse de l’arbre des sephiroth pour s’ouvrir spirituellement et approfondir nos méditations et
notre positionnement dans l’évolution de l’humanité.

 

Les activités de Lionel TARDIF

Vous retrouverez des analyses plus approfondies dans la rubrique « Nos activités » puis Les activités de Lionel TARDIF (conférences, films, analyses de films, cours sur le langage du cinéma)


LA FORMATION DU LANGAGE DU CINÉMA ET SES MAÎTRES

Série de cours de deux heures chacun illustrés par des extraits de films
L’image nous envahit dans notre monde actuel de toute part. Il est urgent de savoir la décrypter, pour ne pas être manipulé par elle. La force de son impact est immense à la télévision, sur internet et au cinéma.
Avec cet enseignement, vous apprendrez à la lire, à la décoder et ainsi à conserver votre libre arbitre devant elle. Vous saurez aussi et avant tout, apprécier les merveilles qu’elle peut nous offrir. Ne l’oublions pas, tout part du cinéma, donc d’un film, d’une histoire.
Ces cours montrent comment le cinéma a inventé sa grammaire, comment les cinéastes ont façonné au fil du temps le langage de cet Art nouveau étape par étape. Chaque cours peut être suivi indépendamment des autres,
cependant, l’ensemble du cycle vous permettra de comprendre pleinement le langage de ce 7 ème art

Prix : l’adhésion annuelle (20€) et pour un cours : 20 €
Pour un engagement sur cinq cours : 90 € en un ou plusieurs chèques
Pour un engagement sur dix cours 150 € en un ou plusieurs chèques (de septembre à juin)

Cours passionnants où sont associés, sur deux heures et demie environ, des extraits de films aux explications des différentes écoles du cinéma. Bienvenue aux anciens qui souhaitent continuer. De nouvelles personnes peuvent bien sûr intégrer, à tout moment : (les prochains les 4/1/23, 1er/2, 1er/3, 5/4, 3/5, 7/6/23).
Voici comment Lionel introduit les cours de cette année : Bonjour à toutes et à tous :
Pour l’année 2022/2023, mes cours sur le langage du cinéma reprendront sous une forme nouvelle que j’appelle « Derrière le Miroir ».
Les années précédentes ont relaté et montré comment le cinéma a développé sa grammaire avec ses assonances et ses allitérations et l’évolution de ce langage nouveau depuis ses origines jusqu’aux années 1970/80.
Il m’est apparu qu’il serait très important aussi que vous appreniez ce qui se passe dans les coulisses de cet Art, le septième du nom ; la production et ses difficultés pour qu’un film apparaisse et prenne son envol. Les enjeux commerciaux et politiques, les censures, l’enjeu dans les choix des metteurs en scène, des acteurs, des techniciens : directeurs de la photographie, compositeurs musicaux, décorateurs, scénaristes, adaptateurs.
Vous y verrez des films que je ne mets pas toujours dans mes  programmations. Certains films possèdent des messages seconds qui vous seront révélés.
Vous apprendrez pour certains les enjeux cachés, parfois les scandales qui y ont été inhérents.
Finalement tout ce qui a pu se passer pour qu’une œuvre arrive jusqu’à vous.

LE COMBAT DE L’OMBRE ET DE LA LUMIÈRE AVEC LE VIDE AU MILIEU
MURNAU : DE NOSFERATU À TABOU

avec des extraits de NOSFERATU (1922) et FAUST (1926) et TABOU (1930)

Friedrich Wilhelm MURNAU (18881931) est l’un des dix plus grands cinéastes du monde.
L’historienne allemande, Lotte Eisner, qui le côtoya souvent à Berlin, rappelle qu’à douze ans ce génie connaissait Schopenhauer, Ibsen, Nietzsche, Dostoïevski et Shakespeare. Très jeune il devint l’assistant du légendaire homme de théâtre Max Reinhardt, celui qui sculptait la lumière sur ces personnages avec les projecteurs.

A vingt ans, il fait la guerre de 14/18 comme pilote de chasse. Mais sa fascination pour le cinéma le prit très vite et il commença son premier film en 1919 ; malheureusement, certaines de ses œuvres du début périrent dans un incendie. Il obtint sa première gloire mondiale en 1922 avec « Nosferatu le vampire« . Toute la grandeur de la mise en scène de Murnau est déjà là : faire entrer dans l’image l’indicible. Un carton nous prévient au premier tiers du film, lorsque le jeune héros franchit le pont « les fantômes vinrent à sa rencontre ». Dès ce moment les images sont habitées par une autre dimension. Alors, nous assistons à une véritable symphonie de l’Horreur qui cessera lorsque la lumière viendra détruire le mal.

Avec Faust nous entrons dans l’univers magique de l’espace pictural car il maîtrise totalement la surface entière de l’image. Nous y trouvons d’emblée une résonance avec le fantastique de Nosferatu. Les cercueils qui défilent sont portés par des hommes cagoulés car la peste sévit. Aucun réalisateur avant lui n’a su faire surgir magistralement le  surnaturel comme le démon qui couvre de son grand manteau l’ensemble de la ville.
Adaptation fabuleuse de Goethe, Faust contient des moments rares et uniques de la dimension du cinéma.

Après avoir tourné deux autres chef d’œuvres « Tartuffe et « Le Dernier des hommes« , les américains, fascinés par sa manière de tourner, lui ouvrent les portes de Hollywood où il réalise l’une des plus grandes merveilles de l’Art cinématographique « L’Aurore » Nous sommes en 1927. La lumière va triompher de l’ombre qu’il réitère dans un autre film américain « City Girl « , ses moissons du ciel à lui bien avant Malick. Mais il fait ce film sous
surveillance, c’est comme cela que ça se passe en Amérique, ce que Murnau ne peut supporter et il va engager toute ses économies pour réaliser la somme de ce qui l’habite au plus profond de lui « Tabou » en 1930 en Polynésie. Et ce qui l’habite, c’est ce combat profond et terrible entre cette ombre et cette lumière qui l’habitait depuis « Nosferatu ».

Murnau partit en 1929 dans l’archipel de Tahiti pour y constater que le paradis perdu qu’il recherchait au fond de luimême avait déjà disparu. Pourtant, durant un travail acharné qui dura presque deux ans, il livra au monde son dernier chef d’œuvre sur une histoire éternelle, l’amour, le renoncement et la malédiction, le tabou qui habitait cette île. Mais il découvrait bien plus que cela encore, un destin cosmique où le temps n’existait plus. Tout était posé dans un instant éternel, auquel seule la ronde indéfiniment répétée du soleil et des étoiles donnait son épaisseur et sa gravité.

A Tahiti, Murnau rencontra Henri Matisse qui lui fit comprendre le secret de son art : « ÉCRIRE LE MOUVEMENT AVEC LA LUMIÈRE ». Le peintre Matisse avait expliqué à Murnau : Je dessine autant le vide laissé entre les feuilles que les feuilles elles même, dessiner avec la même densité le végétal que l’air qui l’entoure, l’espace entre les choses, autant que les choses ellesmêmes car il n’y a pas de vide. Murnau comprit que lui
même avait toujours travaillé le vide avec ses plans larges et aériens, ainsi que l’invisible, l’horschamp, l’espace libre, qui est au dehors du regard, comme un élément fondateur du mouvement même de ses films, un cinéaste du vide. N’avaitil pas construit Tabou sur des plans fixes et dépouillés, débarrassés de toutes fioritures et acrobaties. Il expliqua à Matisse son utilisation récurrente des plans aériens et ce, depuis Nosferatu, avec des lentilles télescopiques, et que tout cela lui était venu de son expérience d’aviateur.

Quant à l’ombre, Matisse lui expliqua que l’ombre est comme le noir car le noir pur peutêtre une couleur de lumière, afin de capter la cette sensation de la vie, faire naître le mouvement.
Ici aux Marquises chez les Maoris, le lagon était uni au ciel comme des ombres flottant dans le grand gobelet d’or de l’univers.
« Tabou », le film, était une succession de tableaux antiques, des plans immobiles et envoûtants qui vous aspiraient par leur ampleur et leur profondeur, leur ouverture et qui, ensemble, formaient un tout inévitable qui encapsulait l’amour et la destinée, les ténèbres et la clarté, le rêve et la beauté. Murnau était arrivé au degré de perfection ultime.

Mais voilà le tabou existait bel et bien. Il avait été prévenu de ne pas prendre de voiture au retour du montage de son film en se rendant à NewYork pour la Première. Les stars l’attendaient et les producteurs aussi pour un autre projet mais il vola dans l’espace se fracassant la tête sur les rochers.
Il avait 42 ans…son autre projet « L’Île du Démon » devra attendre une autre vie.


LES ANALYSES DE FILMS

DÉBATS AUTOUR D’EXTRAITS DE FILMS de 10h à 19h environ
Au siège de notre association

7, rue du Commandant Bazy 66000 PERPIGNAN


Inscription obligatoire en raison des places limitées

HOMMAGE À ALIDA VALLI
La grande tragédienne du cinéma
ALIDA VALLI est née en 1921 et commença à suivre des cours de cinéma au Centre Expérimental italien très jeune. Elle débute au cinéma à l’âge de 16 ans avec l’un des grands pionniers du cinéma italien, Guazzoni.
Très vite remarquée par son talent, elle va jouer avec tous les grands noms du cinéma italien. Mais rapidement, la classe internationale va faire appel à elle : Alfred Hitchcock, Carol Reed, Yves Allégret, René Clément, Georges Franju, Richard Fleischer, Ted Tetzlaff.

Cependant, ce sera peutêtre Luchino Visconti qui va immortaliser sa silhouette dans le rôle de la Comtesse Livia Serpieri Ussoni, errant dans les rues de Vérone après avoir livré son amant déserteur à la justice militaire, où son jeu est admirable de bout en bout.

Dans les deux autres films choisis ici, celui d’Hitchcock et celui de Carol Reed aux côtés
d’Orson Welles, elle va entrer dans la légende du cinéma.

Tout cinéphile ne peut oublier sa présence unique. Le final du « Troisième Homme » où elle arrive de loin sur la chaussée et passe devant Joseph Cotten sans le voir reste un moment mythique de l’histoire du 7ème Art.


LE PROCES PARADINE (1948) États-Unis Grande -Bretagne,

 LE TROISIEME HOMME (1949) de Carol REED

SENSO (1954) Italie, de Luchino VISCONTI

DIMANCHE 29 janvier 2023
De 10h à 19h environ

Au siège de notre association

7, rue du Commandant Bazy 66000 PERPIGNAN


Inscription obligatoire en raison des places limitées

PREMIER HOMMAGE à Kinuyo TANAKA (1909 1977)
Voici ce que vient d’écrire Lionel sur cette extraordinaire actrice puis réalisatrice japonaise, dont on vient de découvrir l’œuvre numérisée et distribuée en France récemment.

Ce fut la plus grande comédienne de l’âge d’or du cinéma Japonais. Commencé à l’époque du muet, son parcours est impressionnant.

Elle a tourné avec les plus grands : Kenji Mizoguchi, Yasujiro Ozu, Akira Kurosawa, Mikio Naruse, Kon Ichikawa, Keisuke Kinoshita, parmi les plus connus sur le plan international.

C’est sans doute Kenji Mizoguchi qui lui donna ses rôles les plus fabuleux : Miss Oyu (1951), La Vie de Oharu Femme Galante (1952), Les Contes de la Lune Vague après la Pluie (1953), L’intendant Sansho (1954), mais elle tourna d’autres films pour Mizoguchi. Sans elle, on peut dire que les chefsd’œuvre du grand cinéaste
n’aurait jamais existés. Pour Ozu, ça sera Les Sœurs Munakata (1950) ; pour Naruse : Les Maquillages de Ginza (1950) et La Mère (1952) ; pour Kinoshita : La Ballade de Narayama (1958) ; pour Kurosawa : Barberousse (1961) ; pour Ichikawa : Seul sur l’Océan Pacifique (1963).

Comédienne de légende, tournant en cette qualité plus de 300 films, elle a donné son nom à un prix prestigieux au Japon, le Prix Mainichi qui récompense chaque année une actrice, pour l’ensemble de son œuvre.

C’est en 1953, en pleine gloire mondiale, que Kinuyo Tanaka annonce qu’elle va passer derrière la caméra. Mizoguchi, furieux de perdre sa comédienne emblématique, fera pression auprès d’elle et même auprès des studios japonais, mais rien n’y fera. Heureusement, Ozu et Naruse la soutiennent. Kinuyo connait tout le monde, les producteurs, les techniciens, les comédiens, les réalisateurs et elle se lance avec de sérieux soutiens et appuis. Kinuyo Tanaka veut faire des films en totale opposition avec un système patriarcal impitoyable et ancestral au Japon.

A l’automne 1953, le tournage du premier long métrage dirigé par une femme, après la guerre, commence. Il s’agit de Lettres d’Amour, et comme acteur, peutêtre le plus grand au Japon, Masayuki Mori, le comédien inoubliable de L’Idiot de Kurosawa.
Magnifique portrait du Tokyo d’aprèsguerre, Lettres d’Amour raconte la double réconciliation d’un homme à la dérive : celle avec son pays et celle avec luimême. Alors que tous les personnages masculins du récit semblent s’accorder difficilement avec le monde tel qu’il est devenu, le personnage féminin paraît en avoir une
compréhension plus aigüe : la survivante, c’est elle.
Avec La Lune s’est Levée, Kinuyo Tanaka se fait l’enthousiaste ambassadrice de son ami, le très grand Yasujiro Ozu, dont elle adapte un scénario inédit. C’est le portrait tonique de Setsuko, jeune fille moderne et virevoltante. Mie Kitohara, une nouvelle jeune comédienne, surgit grâce à ce film. C’est une comédie tournée dans les deux villes les plus traditionnelles du Japon, Kyoto et surtout Nara et ses beaux temples. « Je voulais depuis longtemps, dira Tanaka, que des femmes soient filmées par une femme d’un point de vue qu’un homme ne comprendrait pas ».
Dans la petite ville d’Obihiro, dans l’île d’Hokkaïdo située à l’extrême nord du Japon, a été érigé un mémorial dédié à Fumiko Nakajo (1922 1954), poétesse locale devenue une gloire du Tanka, petits poèmes sans rimes, ancêtre du Haiku et faisant partie de l’aristocratie de la littérature. Nakajo, fut adoubée par le grand écrivain
Kawabata tant sa virtuosité lui semblait évidente. Fumiko Nakajo est morte très jeune d’un cancer du sein à l’Hôpital de Sapporo, et juste avant sa mort, elle vécut une histoire d’amour passionnée avec un journaliste Akira Wakatsuki, qu’il raconta luimême dans son livre « Les Saints éternels ». Lorsque Kinuyo Tanaka lut ce livre, elle eut un choc considérable : « L’intuition féminine y est décrite sans fard, avec un dynamisme incroyable et dans une atmosphère très poétique. Je souhaitais en faire un film en y mettant toute ma vie. » Ce film va s’appeler Maternité Éternelle et ce sera un énorme chefd’œuvre. Kinuyo Tanaka suit la trajectoire d’une héroïne sublime et tragique qui ne faiblit jamais, et qui assume jusqu’au bout son désir de liberté et
d’amour, son désir tout court. L’audace du film n’a pas d’équivalent dans le cinéma japonais de l’époque et surprend encore aujourd’hui. Il sera joué par la grande Yumeji Tsukioka, qui va être sollicitée après ce film par les réalisateurs les plus en vue au Japon.

Quelques mois après la sortie de Maternité Éternelle, Kenji Mizoguchi meurt. Avec Tanaka comme comédienne, ils ont écrit les plus belles pages du cinéma japonais classique.
Kinuyo Tanaka décide alors de reprendre le chemin des plateaux comme comédienne. Après avoir tourné avec Naruse, Shindo et Ozu, son coup d’éclat va être sa performance de vieille paysanne dans La Ballade de Narayama (1958), dirigé par son ami Keisuke Kinoshita. Tanaka, qui s’est vieillie pour le rôle, remporte tous les
prix et le film devient la plus grande œuvre japonaise de l’année.

En 1960, cela fait presque cinq ans que la star n’a pas dirigé de nouveau. A cette époque la Daiei devient la plus puissance maison de production japonaise et fait appel à Kinuyo pour tourner une superproduction en cinémascope couleur. Ce sera La Princesse Errante, avec la nouvelle grande star de ces annéeslà, Machiko Kyo, dont les performances avec Kurosawa, Mizoguchi et Ozu, son travail avec Marlon Brando dans La Petite Maison de Thé, de Delbert Mann, lui fait remporter les fameux Golden Globes à Hollywood. Machiko Kyo est grande et belle. Kinuyo Tanaka met en scène l’histoire de Dame HiroSaga qui va faire l’objet d’un mariage arrangé avec le Prince Pujie, frère cadet de l’empereur de Mantchourie.
A cette époque la Mantchourie, pays situé tout au nord de la Chine, était une colonie japonaise. Quand la Russie soviétique envahit ce pays, un conflit violent a lieu avec le Japon. Devant cet état de fait, la nouvelle jeune impératrice et la Cour doivent prendre la fuite. Ce sera un périple douloureux que raconte ce film, un destin de femme hors du commun qui passionne Tanaka. De cette coûteuse production, la réalisatrice fait un spectacle inoubliable. Pour son retour derrière la caméra, Tanaka frappe fort.
Cette fois, c’est avec la Toho  que cette très grande réalisatrice va travailler sr un projet qui lui tient particulièrement à cœur. Lorsque Tanaka jouait une prostituée, sous la direction de Mizoguchi dans Les Femmes de la Nuit (1948), elle arpentait le bitume pour pouvoir manger à sa faim. Nous étions dans les décombres du Tokyo de la justeaprèsguerre. Le gouvernement japonais, conscient de ces femmes en errance,
crée dix ans plus tard des maisons de réhabilitation pour les anciennes prostituées. Car, sous l’occupation américaine, les trafics et racolages de femmes se pratiquaient à ciel ouvert. On ferma alors les maisons closes et la prostitution fut pénalisée.

Tanaka, qui se souvient bien de son tournage avec Mizoguchi, va faire de La Nuit des Femmes un grand chef d’œuvre. « J’ai voulu, diratelle, montrer l’humanité de ces filles et le fait qu’elles ont quelque chose de pur. » Les maisons de réhabilitation sont destinées à protéger les femmes victimes de violence, pour qu’elles se détournent de la rue, apprennent un métier pour ne pas retomber dans la fange. Un itinéraire pas facile que Tanaka montre au quotidien. L’énergie d’une jeune actrice débutante, Chisako Hara porte littéralement le récit, avec autour d’elle, de grandes comédiennes confirmées qui offrent toute leur sensibilité.
Tournée en scope noir et blanc, cette œuvre si profonde bénéficie de la somptueuse musique de Hikaru Hayaschi. Ici, Tanaka fait ce que les nombreux mélodrames qu’elle a interprétés ne faisaient jamais : elle sauve son héroïne. Le film fut choisi en 2009 par le Festival de Tokyo pour être le film commémoratif des 100 ans de la naissance de Kinuyo Tanaka.

Le prestige du film en costumes est considéré, au Japon, comme difficile par les studios et seuls les cinéastes aguerris sont autorisés à en tourner ; le genre devenant une promotion. Mademoiselle Ogin est une œuvre prestigieuse signée par Toko Kon, grand écrivain fait moine bouddhiste. Kinuyo Tanaka a lu trente fois ce roman, tant elle est obsédée par l’idée de le porter à l’écran. Les personnages de ce livre ont réellement existé comme le Maître de Thé Sen No Rikyu ou le samouraï chrétien Ukon Takayania.

En 1954, trois grandes comédiennes proches de Tanaka (Yoshiko Kuga, Ineko Arima et Keiko Kishi) décident de créer leur propre compagnie de production : le Ninjin Club et proposent à Tanaka de réaliser ce roman ; d’en faire un film.

L’action se passe à la fin du XVIème siècle, alors que le christianisme venu d’Occident est proscrit. Le drame est le suivant : Mademoiselle Ogin tombe amoureuse du Samouraï Ukon, qui est chrétien. Ogin est la fille du célèbre Maître de Thé Rikyu. Mais le redoutable Hideyoshi, qui règne sur le pays, a entamé des persécutions antichrétiennes. Un film qui se hausse au niveau de la Tragédie. La distribution des rôles est haut de gamme, car les stars se bouscule pour travailler avec Tanaka. Le rôletitre revient à Ineko Arima, la jeune vedette de deux films d’Ozu. Le ténébreux samouraï Ukon revient au grand Tatsuya Nakadaï, qui s’est imposé dans
Harakiri de Kobayashi et Sanjuro de Kurosawa ; quant au Maître de Thé, Garjiro Nakamura, célébrité du Kabuki, vu aussi dans deux autres grands Ozu. Deux autres grands noms font des caméos, telle Yumeshi Tsukioka, l’héroïne de Maternité Eternelle et la grande Keiko Kishi, membre du Ninjin Club. Cette superproduction en costumes, Mademoiselle Ogin, est un impressionant Jidaï Geki. La capacité de travail de
Tanaka est phénoménale. La Nuit des femmes et Mademoiselle Ogin bénéficie d’une sortie aux ÉtatsUnis.

Mais le monde du cinéma était en train d’entamer une mutation qui ne laissera plus la place à ce grand âge d’or du cinéma classique, ce qu’a toujours fait, comme  comédienne d’abord et comme metteur en scène ensuite, Kinuyo Tanaka. Comme pour la Nouvelle Vague en France, les images se tournent dans la rue par de jeunes cinéastes enragés, comme Nagisa Oshima (Petit Garçon), pour qui Kinuyo Tanaka représente déjà le cinéma d’autrefois. On ne s’amuse plus à trop cadrer, à éclairer, le langage devient vulgaire. Kinuyo Tanaka ne trouve plus d’argent pour tourner et on lui propose des rôles dans des feuilletons télévisés indignes de son talent.

L’œuvre de Tanaka s’articule totalement autour de personnages féminins déterminés, et a ceci de singulier qu’il présente des femmes capitaines de leur propre existence. Après avoir tant joué la victime des hommes (son rôle de prédilection), la star a mis en scène des protagonistes en résistance, debout face à l’adversité et obstinées par la perspective de s’affranchir. La remarquable constance de l’œuvre de Kinuyo Tanaka,
réalisatrice (six films entre 1953 et 1962) réside dans ces portraits de femmes sur le chemin de l’indépendance.

En 1977, année de sa disparition, Kinuyo Tanaka est décorée à titre posthume de l’Ordre de Trésor Sacré, hommage par l’Empereur aux personnes ayant rendu de grands services au pays. De Sashiko Hidari (qui fit des films à l’époque du muet) à Naomi Kawase, c’est aussi à toutes les réalisatrices qui suivront la voie qu’elle a
tracée que Tanaka a rendu service.


Rappel

Notre Association a mis en vente des DVD de films de Lionel TARDIF ainsi que ses livres

Si vous souhaitez vous en procurer et qu’il vous le (les) dédicace.
Toutes les participations (cotisations, participation aux ateliers et ventes de ces ouvrages)
permettent le bon fonctionnement de notre association : achat du matériel, fournitures et
documents diverss, maintenance et entretien informatique, recherches et formations diverses pour contribuer à l’enrichissement intérieur de chacun.
DVD de Lionel TARDIF (20 € le DVD)

A venir Voyage en Syrie
A venir 2 films sur Oman

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